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Architecture du Maroc N°18, Septembre-octobre 2004

Exposition Soumiya Jallal Mikou, Villa des arts, Casablanca

Ame et matières

Native de Casablanca, Soumiya Jallal Mikou se destine à l’architecture. Après des études à l’école spéciale d’architecture de Paris, elle rentre au Maroc et y exerce son métier d’architecte. Ses aspirations la dirigent de fil en aiguille vers l’architecture d’intérieur, puis la décoration et les premières expérimentations textiles. Après un passage formateur au Centre des métiers d’arts à Montréal, elle installe son premier métier à tisser et initie ses premières recherches sur la matière. 

 

De son expérience d’architecte elle conserve un regard particulier sur la couleur, la matière et la lumière qu’elle entend ainsi « sculpter » en réinventant des textures qui sont autant de réminiscences de la nature. Une nature qui ne cesse de l’inspirer et de lui ouvrir les portes sur des harmonies et des émotions toujours renouvelées. Les recherches, les expérimentations et les découvertes de Soumiya sont bien au-delà de la conception, elles s’extraient d’un long et minutieux travail de création de la matière même. Le tissage devient moyen d’expression, les fils, les fibres, qu’ils soient en bobine, en écheveau ou en gerbe sont les médiums de compositions où s’entrecroisent, se fusionnent, se transforment, parfois même s’opposent, les textures. Et c’est justement là que s’exprime la créatrice, dans cette rencontre avec la matière première, dans cette exaltation et cette osmose qui offrent une nouvelle dimension aux éléments. 

 

L’exposition de la Villa des Arts présente deux séries de « constructions » textiles. L’une célèbre le noir (l’énigme de l’ombre) et son lot de mystère et d’incertitudes, avec des compositions où se mêlent profondeur et transparence, légèreté et reflets denses de lumière, dans une suite de bruns chauds, ajourée, traversée de raphia noir ou ornée de plumes de paons. La seconde propose « les naturelles » et des matières récurrentes aux deux séries, sisal, raphia, jonc, plume… des couleurs qui évoquent la matière même, organique et à l’état brut dans une gamme chromatique de terre et de sable que traverse parfois un orange lumineux et solaire qui se diffuse dans la matière et l’anime.

 

© Florence Renault-Darsi, septembre 2004

© 2022 florence renault-darsi

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